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Ecriture automatique – 5 décembre 2023


Quand tu tues un homme
Quand tu tues une femme
tu tues des années d’apprentissage,
anéantissement des gestes de tendresse,
des déclarations d’affection, aurevoir
le lapin de l’enfance et le chat de l’âge adulte,

Quand tu tues un homme
Quand tu tues une femme
tu éteins des années d’examens,
de cours de récréation, de prières
peut-être, des lettres de voyage et
des cartes pour la fête des uns et des autres,

Quand tu tues un homme
Quand tu tues une femme
bam ! bam !
tu fermes la porte du paysage
que sa présence au monde permettait,
tu détruis les diplômes, l’expérience,
effacement d’un tas de cycles répétés
patiemment depuis sa naissance,

Quand tu tues un homme
Quand tu tues une femme
tu tues le présent enfui dans un trou noir,
emporté dans un non-temps, tu tues le jour
et la nuit qui se succèdent,

Quand tu tues un homme
Quand tu tues une femme
tu noircis le ciel de tant de jours
jusqu’à ce jour, la maison est
enfoncée dans la terre, rien de sa
trace ne reste sur terre à cet instant,
même les oiseaux qui ne chantent pas
pour lui, se taisent,

Quand tu tues un homme
Quand tu tues une femme
tu tues les jours à venir,
tu anéantis les amitiés et les
amours prochains,
tu enfouis les jours bons et
les jours mauvais futurs,
tu es le trou noir qui engloutit
une possibilité, une
éventualité, de piquer un peu
de bien aux ici et maintenant,

Quand tu tues un homme
quand tu tues une femme,
tu avales en toi la vie,
la broies de tes dents,
tu l’expulses sous forme de
matière puante,

Quand tu tues un homme
Quand tu tues une femme
tu fais taire une naissance, une enfance,
un âge adulte et une vieillesse,
mais
Quand tu tues un homme
Quand tu tues une femme
tu avales la mort
et toutes tes cellules meurent également.

à la Une

Ecritures automatiques quotidiennes et autres mots – Céline Lory

 

Ecriture automatique
Automatique attraction de ma langue
Ecriture automatique
Parfois je n’arrive pas à parler
Mon corps est déjà en toi
Alors il faut que je marche pour scander ma pensée

Ecriture automatique
Quand j’en désire d’autres
C’est encore toi que je désire
J’ai besoin de te chercher

Ecriture automatique
Le silence s’impose à chaque fois
Rappelle le désir
Le met à nu
Le sol est métallique
J’y retournerai
Manger la terre
Boire le ciel
Vivre enfin

Ecriture automatique
Je suis sur un fil: moi-même
Et je tombe si facilement
Je remonte à regret
Sans rien emporter d’en bas

Ecriture automatique
A l’extérieur je deviens coquille
Le monde et moi
On est séparés

Je marche en rue
C’est comme une musique
J’aime le sol
Tout ce qui est autour de moi me contente
Mon corps est tel le monde en marche
Je parlerais sans m’arrêter
Comme un piano mécanique
Je suis en vie
Et elle entre en moi par tous les pores

Viens
Ne m’oublie pas
Je suis une peau
Qui a besoin d’un corps

Ecriture automatique; 2014

Écriture automatique – 3 mars 2024

Acheter est la chose la plus facile au monde. Même sans argent. Actuellement, c’est la chose la plus simple.

Aimer. Faire l’amour. Faire confiance. Être empathique. Être attentionné•e. Être nuancé•e. Être tolérant•e. Être vivant. Cela est devenu compliqué. Dire et montrer sa tendresse est devenu un parcours complexe.

Acheter est devenu la chose la plus simple au monde. Il ne faut plus ni contact ni code. Alors que le contact est devenu fragile. Le code des relations humaines est égaré.

Je sors de chez moi à toute heure du jour, de la nuit, de la semaine ou du week-end, je pourrai toujours acheter. Même sans sortir.

Alors que tout le reste est compromis. L’achat est un accord entre une personne qui veut vendre et une autre qui veut acheter. L’amour est source de malentendus: qui veut aimer être aimé comment par qui,… le contact est rempli de non-dits. L’empathie donne lieu à l’incertitude. Tous les jours je pense à la guerre. Tous les jours je pense à la survie. Dans un monde où acheter est devenu la chose la plus simple. C’est aussi pour cette raison la plus laide, la plus dégueulasse et la plus trompeuse. Mais soit. On l’accepte. Juste pour quelques minutes que l’achat nous donne ce petit mensonge cette petite illusion d’un monde pas si fou, pas si cruel, pas si hors-sol.

Quand je pense à la guerre, je ne sais pas à qui je pense. Je pense à des abstractions d’êtres humains. Je ne suis plus là dans mon appartement. Je suis dans l’innommable. L’inimaginable. Je pense faux.

Je suis ni là ni ailleurs pourtant. Je suis à peine ici. Il est difficile d’être ici. Un ici qui oublie là-bas. Ou qui l’utilise. L’instrumentalise. Qui le réduit comme s’il s’agissait d’une cuisson « à couvert ».

Tous les jours je pense à la guerre que je ne connais pas.

Céline Lory – mars 2024.

Photo autoportrait mars 2020

Essai d’un journal – 18 février 2024

Avec les douleurs
Tout est disloqué
Tout est devenu intermittent
Cette maladie qui ne peut pas être un combat :
Il n’y a rien à combattre. Ni à guérir.
Ce n’est pas un cancer, ni une maladie auto-immune.
Elle va et vient à sa guise.
Laisse la personne avancer gaiement pour d’un coup la terrasser. Jour après jour. Aucun chemin continu n’est possible. Il n’y a pas un chemin de guérison à suivre. Nuls rituel exercice planning qui puissent tenir. Tout est pendu à un clou. Tout est au-dessous d’une épée de Damoclès.
Enfant la vision des traits blancs discontinus sur la route me berçait doucement.
Quand on accélérait ces traits semblaient se rejoindre. Ici c’est pareil: parfois on appuie sur l’accélérateur parce qu’on veut par la vitesse oublier la douleur. Faire les choses très très vite comme une course avant de devoir ralentir sous peine de l’accident assuré.
La douleur articulaire musculaire neurologique est les traits blancs discontinus qui nous rappellent que si l’on peut (se) dépasser, ce n’est pas toujours opportun de le faire.
Tout est discontinu à présent. Le sommeil comme le travail au piano. L’écriture comme les sorties. La composition comme le quotidien. Mes carnets eux-mêmes qui se mélangent entre journal, textes, poésie, pensées. Mes mots sont éclatés entre différents supports. Mes mots eux-mêmes ne savent plus très bien où ils doivent aller. Dans quel support. Dans quel genre.
Rien n’est planifiable parce qu’à tout moment un état fébrile , douloureux , ou de fatigue, peut vous mettre à néant. Cette perte de continuité – l’absence d’ennemi – l‘impermanence de son état – tout cela crée un désordre dont l’esthétique ne m’apparaît pas encore totalement.
Peut-être faudrait-il que je colle tous ces bouts sans vouloir absolument faire œuvre cohérente et homogène. Peut-être y a-t-il dans cet éclatement de mon identité – ou ce que j’en concevais – quelque chose qui disons voudrait s’approcher d’une vérité – laquelle ? – tout est éclaté- la vie , les relations, l’avenir – comme une péritonite de soi – quelque chose a fui, quelque chose a éclaté – pourquoi ? Ce n’est pas la question à se poser – pourquoi rencontre-t-on l’amour pourquoi pas – pourquoi réussissons-nous pourquoi pas – tant de questions qui virent à l’idiotie. Non le constat est là. Tout est éclaté et il ne s’agit pas de faire semblant même si on fait semblant parce que la peur dans les yeux des gens est difficile. Tout a éclaté, on ne sait trop comment , peut-être a-t-on trop ralenti et les traits blancs discontinus – du désir, de la vocation, des amours, des relations, de la vie – sont réapparus.
Il s’agit de tout laisser en place , de ne pas vouloir recoller les morceaux , de “faire avec” avec quelque chose qu’on ne peut pas nommer , quelque chose comme des déflagrations irrégulières et quotidiennes – il s’agit de regarder l’horizon – de tenter de le voir dans cet éclatement – un beau coucher de soleil strié de couleurs de sang.

Essai d’un journal – 18 février 2024 – Céline Lory.

Écriture automatique 31 janvier 2024

A l’hôpital, je me demande si

Ressembler à sa mère nous protège de quoi que ce soit.

Si, de manière générale, ressembler, au sein de sa famille, au membre en meilleure santé ou déjà décédé a une influence ne fut-ce que psychologique.

Les hôpitaux ces lieux que, à l’instar de l’école, nous sommes tou•tes amenés à côtoyer un jour ou l’autre, auxquels certain•es ont décidé de dévouer leur vie, que les autres craignent, que j’ai connus dès mon enfance et où, à présent, d’autres enfants passent une majeure partie de leur temps comme si c’était ça la vie, ce lieu où on voudrait n’avoir ni seins, ni sang, ni corps et où on nous le rappelle parfois si violemment, où la vie est si laide et si précieuse, où l’envie d’enfreindre toutes les règles de bonne santé, pas trop de sucres, pas trop de gras, pas trop de cigarettes, nous tenaille bien plus qu’ailleurs comme un défi.

Qu’emportons-nous dans notre corps de l’histoire familiale et du corps de nos parents ?

Ce lieu où sans doute on a envie de rire plus qu’ailleurs , où en attendant un rendez-vous , on se met à penser à un épitaphe : “elle a fini par se taire”, où en attendant un rendez-vous on se raccroche à un livre , ses phrases si bien écrites, ses pensées si bien circonscrites par lesquelles on ne se pense plus en tant que soi mais en tant que partie infime d’un ensemble, où plus rien, vraiment plus rien, n’a d’importance si ce n’est ce flux continuel de vie, de vivant, qui ne cesse et ne cessera.

Écriture automatique 4/3/2022

Tu as quarante tuuuuuuuuuuut ans. Tu as juste le droit de te taire. Juste le droit de ne plus porter de minijupe sans le regard désapprobateur. Tu as juste le droit de crever lentement en silence. Juste le droit de ne plus prendre tes rêves pour des réalités. Juste le droit de subir le temps. Tu as quarante tuuuuuuuuuuut ans. Tu es blanche. Tu es femme. C’est vraiment pas de chance. Plus rien pour toi à présent. A quoi t’accrocher ? Ta petite barque qui flotte ? Pas de chance tu es mal embarquée. Il te reste le choix entre … et …. Sauf que.
Sauf que tu as une force en toi.
Tu la sens qui vibre.
Tu es fragile mais tu es forte. La vie est en toi comme une douleur qui te vrille le cerveau. Tu es forte comme le ciel. Tu es forte comme la nature en hiver. Tu es forte bien plus forte que tes quarante tuuuuuuuuuuuut piges alignées sur le peloton. Ils tirent mais tu t’es déjà barrée, salope, tu es forte tellement forte tellement à fleur de peau, mais et la fleur et la peau sont bien plus fortes, bien plus profondes, bien plus souples , ça se plie mais ça ne casse pas comme la fable de Lafontaine tu as juste le droit de te taire mais tu gueules, tu gueules, tu gueules, tu répètes les mots pour les percer, pour les graver, pour faire d’eux toi et de toi eux, une confusion totale. Qui peut encore parler de toutes manières ? Décemment prendre la parole ? Personne.
Tu rêves d’un long long long silence. D’un immense silence aussi grand que l’univers. Tu t’en fous de celui qu’on t’impose , tu ricanes, tu penses au silence de l’univers et tu tires.

E.A. 4/3/2022

Écriture automatique – 28 septembre 2023 – Céline Lory, musicienne – Léonie Cryl

La solitude est mon habitude
Nul voyage nul projet
La solitude est mon habitude
Mon habitat, mon habit,
Je la cultive, je l’aime
Et la déteste comme une religieuse
Peut détester l’ingratitude de son dieu
Elle se passerait plus facilement de moi
Que moi d’elle
Vieux couple de contradictions
Et de contraires
La solitude c’est un moi
Apaisé, triste et exalté
Je ne prie pas ma solitude
Mais je la chéris
C’est la folie
Celle où je fais ce que
Nulle part ailleurs je ne fais
La solitude a le visage
Froid de la mort
Et les mains chaudes de l’émerveillement.

Écriture automatique – Céline Lory, musicienne – Leonie Cryl – 13/10/2023

Le corps sait qu’il a perdu la bataille
A un moment donné
Il sait
Que tout va non pas s’écrouler mais se défaire petit à petit,
Qu’en tant que tel il a perdu
Que les factions armées de son corps ont gagné leur indépendance.
Alors il regarde autour de lui.
La peste et le choléra se font la guerre.
Et, entre eux, la bêtise boit le champagne.
Il n’y a pas à choisir.
Le corps sait qu’il n’y a pas à choisir.
Que la vie.
La vie de chaque parcelle de son entité qui se décompose.
La vie dans chaque cellule.
Aucune vie n’est perdante dans le rejet total, absolu, irréfragable de ces deux poisons.
La peste et le choléra se battent,
Qu’ont-ils à gagner ?

Chaque cellule de ton corps mortel sait
Que ni l’une ni l’autre ne sortira gagnant.

Chaque cellule de ton corps mortel rit devant ces deux qui se prennent pour des dieux.

Chaque cellule de ton corps pleure de tant de haine inutile – l’est-elle parfois ? –
Répandue comme une rumeur,
Répandue comme une mer qui avale,
Répandue comme un feu qui abat,
Répandue comme la bêtise des hommes.

Écriture automatique – Céline Lory, musicienne – Leonie Cryl – 13/10/2023

Lettre aux hommes que je ne désirais pas – extrait.

Ce qui est fou avec cette histoire de Gérard Depardieu, c’est qu’on s’étonne et s’offusque.
Franchement après 46 années de vie avec les hommes, je ne peux encore douter qu’en tous les cas, ils profitent toujours de leur position et de leur pouvoir – qui peut encore ?
Qui peut encore s’émouvoir qu’un acteur qui est porté aux nues par tout un public se permette les réflexions les plus ignobles et bêtes (parce qu’en fait c’est aussi d’une bêtise abyssale ce que j’ai pu entendre) ? Qui peut encore s’étonner que dans notre société qui ne jure que par la notoriété, la réussite, ce type d’acteur puisse profiter de sa position et tout le monde autour de lui se taire jusqu’à ce que …

Neige Sinno cite un historien qui dit que les nazis ont pu commettre les monstruosités qu’ils ont commises parce qu’ils le pouvaient.
Elle fait le parallèle avec l’inceste.
On peut le faire ici dans ce comportement sexualisant all the time toute personne s’assimilant au sexe féminin de la part de l’acteur.
Il le pouvait. On lui permettait donc …

Pourquoi aujourd’hui s’en offusquer ? Ben parce que la meute a changé de camp.
Quand je dis la meute, je ne dis pas que les propos incriminés ne me choquent pas.
Ils me choquent mais ils me sont étrangement habituels.
Certains profs dans les conservatoires font la même chose. Ils jouissent de leur pouvoir.
Certains adultes masculins croisés ici et là font la même chose – je ne compte plus les remarques déplacées reçues de la part d’hommes croisés à l’une ou l’autre occasion.
Tous dans un rapport de pouvoir – parce qu’en fait : tous les hommes ont du pouvoir. Pour une raison simple : ils sont sûrs de l’avoir, ce pouvoir. Et ça fonctionne comme une prophétie auto-réalisatrice. On le leur donne. Oui nous tous. Ils sont tellement certains d’être supérieurs puisque c’est ce que le système leur renvoie tout le temps. Donc ils “peuvent”. Donc ils « le » font.

La meute a changé de camp mais elle reste la meute. C’est à dire en général bête à bouffer du foin. A tout confondre. Les actes, les paroles, le premier degré, le second degré, l’artistique et la réalité. Ce n’est pas une défense de l’infâme mais je me méfierai toujours des poules qui ne tapent que sur celle qui est déjà à terre.
A côté de ça, à part mettre à terre celui qui a été désigné, que fait-elle la meute ? Ben rien.
Les profs sont toujours là ou ont pu terminer paisiblement leur carrière d’imposteurs toxiques. Le système fonctionne toujours sur la domination des désignés “méritants” , sur la portée aux nues de celleux qui représentent le courant “à la mode” laissant dans l’ombre celleux qui n’ont pas la chance d’en faire partie – que leur cause soit juste ou pas, qu’importe !
La meute est schizophrène. Elle veut abattre ceux qui sont au pouvoir tout en y mettant inlassablement d’autres. Sans changer ce rapport au pouvoir.
C’est pourquoi je ne crierai jamais avec elle.
Parce qu’elle représente autant le totalitarisme que les tyrans. Parce qu’elle feint de s’étonner pour se donner du pouvoir.

En 46 ans de carrière dans ce monde, je n’ai croisé quasi que des abuseurs. Oh – à des degrés divers bien sûr ! – oh – parfois des abuseurs inconscients bien sûr ! – mais des abuseurs quand même.

Lettre aux hommes que je ne désirais pas – extrait.

Lettre aux hommes que je ne désirais pas – en cours d’écriture – 18 décembre 2023

Ecriture automatique – 2 mars 2022

Tu m’aimes. En fait tu me détestes. Beurk. Je te dégoûte. Tout le monde se dégoûte. C’est cela qu’on désire. Nos désirs pataugent dans un fange insondable. Tu m’aimes tu me détestes c’est le pourquoi de ton amour car si tu ne me détestais pas, y aurait aucune raison de cet amour-là. Si tu ne m’aimais pas, à quoi bon me détester ? Désirer ce que l’on déteste, c’est ce qui est à notre portée. On déteste la puissance mais tous les jours on l’éprouve, on la cherche dans son quotidien. Tu m’aimes tu me détestes ce corps que tu désires et que tu as en horreur, tu m’aimes tu me détestes tu me désires tu m’as en horreur, c’est kif-kif, même chose, même chanson, même sauce, même air. Tu m’aimes parce que tu me détestes, tu me détestes de m’aimer. C’est aussi simple que A et B font C, qu’un tube digestif ou qu’une fleur qui pousse. Pousse pousse pousse pas trop loin. Pousse pas trop loin de moi tes petits doigts. Déteste, à la première occasion tu vas me manifester ta détestation, par un bouquet de fleurs, une attention, brrrrrrrrrrrrrr brrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr, j’en ai froid dans le dos comme un vent qui tombe sur les épaules, le ciel qui s’appuie sur ta nuque le temps de la douleur, tu m’aimes tu me détestes tu me désires tu m’as en horreur, horreur d’un corps où repose la fange du monde, tout le monde a en soi la merde du monde, et faut la garder plutôt que de l’expulser sans arrêt, faut la garder car c’est pas un cadeau comme on l’apprend aux petits nenfants. Tu me détestes je vois bien que tu commences à m’aimer tu m’aimes je vois bien que ta détestation se pointe. La haine me demandes-tu ? C’est une autre histoire. C’est l’hôte suprême ici-bas. Là c’est tout petit. Petit amour, petite détestation, petit désir rikiki, tu m’aimes tu ne me détestes plus tu ne m’aimes plus. Simple comme bonjour. Quoique bonjour pas si simple. Tu m’aimes tu me détestes c’est une cage. Ca tourne. Pire qu’une drogue ou un alcool. Une sacrée piqûre qui fait mal. Tu m’aimes tu me détestes aïe aïe aïe. La nausée comme descendance. Ce qui vaut l’amour. Pas de place, pas d’espace au-delà c’est à devenir fou ça tourne comme un sobriquet non un truc là qui tourne dans sa cage et dirait : viens viens viens me rejoindre. L’amour je te déteste la haine je t’aime c’est tellement étroit, tellement étroit, être à trois têtes ? tellement être étroit, sortir de l’air un tube j’asphyxie l’amour j’asphyxie la haine, sortir, la cage, trou noir. Trou noir. Trou noir.

E.A. – 23.02.2022

Vous arrive-t-il souvent de commencer un message et puis de ne pas le terminer – de renoncer même à l’écrire ?
Peut-être un jour il y aura une société avec plus de personnes inaptes à travailler que de personnes encore valides. Valides. Valides comme une valise dans laquelle on aurait fourré toutes les contraintes de la société. Bourre bourre bourre. Vroum vroum vroum la valise valide dans le mur. Boum. Boum de tes 16 ans. Boum de tes 43 ans. Boum à venir. Boum boum. La Java des invalides – à force de bourrer les valises, que des invalides. Vider vider vider. Videz nom de djeu. Ah c’est vraiment beau à voir tous ces invalides avec leur valise vide à la main. Une société de valises vides. Que des valises. Plus de valides. Prêts pour le voyage. Prêts pour le voyage. Prêts. Que c’est beau tous ces invalides qui ne sont plus prêts à porter les valises bourrées bourrées bourrées. Boum ça éclate d’un coup. Les valides et les invalides se donnent la main. Plus de valise. Plus rien. Paysage voyage. Prêts. Près. Prêts. Peeeet peeeeeet peeeeeeet ca démarre fort chez les invalides validés – iels sont nos valises nos valises nos valises pour un voyage un beau voyage un magnifique voyage sans valises , sans balise, sans validation de la société.