Écriture automatique – 3 mars 2024

Acheter est la chose la plus facile au monde. Même sans argent. Actuellement, c’est la chose la plus simple.

Aimer. Faire l’amour. Faire confiance. Être empathique. Être attentionné•e. Être nuancé•e. Être tolérant•e. Être vivant. Cela est devenu compliqué. Dire et montrer sa tendresse est devenu un parcours complexe.

Acheter est devenu la chose la plus simple au monde. Il ne faut plus ni contact ni code. Alors que le contact est devenu fragile. Le code des relations humaines est égaré.

Je sors de chez moi à toute heure du jour, de la nuit, de la semaine ou du week-end, je pourrai toujours acheter. Même sans sortir.

Alors que tout le reste est compromis. L’achat est un accord entre une personne qui veut vendre et une autre qui veut acheter. L’amour est source de malentendus: qui veut aimer être aimé comment par qui,… le contact est rempli de non-dits. L’empathie donne lieu à l’incertitude. Tous les jours je pense à la guerre. Tous les jours je pense à la survie. Dans un monde où acheter est devenu la chose la plus simple. C’est aussi pour cette raison la plus laide, la plus dégueulasse et la plus trompeuse. Mais soit. On l’accepte. Juste pour quelques minutes que l’achat nous donne ce petit mensonge cette petite illusion d’un monde pas si fou, pas si cruel, pas si hors-sol.

Quand je pense à la guerre, je ne sais pas à qui je pense. Je pense à des abstractions d’êtres humains. Je ne suis plus là dans mon appartement. Je suis dans l’innommable. L’inimaginable. Je pense faux.

Je suis ni là ni ailleurs pourtant. Je suis à peine ici. Il est difficile d’être ici. Un ici qui oublie là-bas. Ou qui l’utilise. L’instrumentalise. Qui le réduit comme s’il s’agissait d’une cuisson « à couvert ».

Tous les jours je pense à la guerre que je ne connais pas.

Céline Lory – mars 2024.

Photo autoportrait mars 2020

Auteur : celinelory

Pianiste le jour, auteure de chansons et de textes la nuit, toujours indéfinie mais heureuse

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