Lettre aux hommes que je ne désirais pas – extrait.

Ce qui est fou avec cette histoire de Gérard Depardieu, c’est qu’on s’étonne et s’offusque.
Franchement après 46 années de vie avec les hommes, je ne peux encore douter qu’en tous les cas, ils profitent toujours de leur position et de leur pouvoir – qui peut encore ?
Qui peut encore s’émouvoir qu’un acteur qui est porté aux nues par tout un public se permette les réflexions les plus ignobles et bêtes (parce qu’en fait c’est aussi d’une bêtise abyssale ce que j’ai pu entendre) ? Qui peut encore s’étonner que dans notre société qui ne jure que par la notoriété, la réussite, ce type d’acteur puisse profiter de sa position et tout le monde autour de lui se taire jusqu’à ce que …

Neige Sinno cite un historien qui dit que les nazis ont pu commettre les monstruosités qu’ils ont commises parce qu’ils le pouvaient.
Elle fait le parallèle avec l’inceste.
On peut le faire ici dans ce comportement sexualisant all the time toute personne s’assimilant au sexe féminin de la part de l’acteur.
Il le pouvait. On lui permettait donc …

Pourquoi aujourd’hui s’en offusquer ? Ben parce que la meute a changé de camp.
Quand je dis la meute, je ne dis pas que les propos incriminés ne me choquent pas.
Ils me choquent mais ils me sont étrangement habituels.
Certains profs dans les conservatoires font la même chose. Ils jouissent de leur pouvoir.
Certains adultes masculins croisés ici et là font la même chose – je ne compte plus les remarques déplacées reçues de la part d’hommes croisés à l’une ou l’autre occasion.
Tous dans un rapport de pouvoir – parce qu’en fait : tous les hommes ont du pouvoir. Pour une raison simple : ils sont sûrs de l’avoir, ce pouvoir. Et ça fonctionne comme une prophétie auto-réalisatrice. On le leur donne. Oui nous tous. Ils sont tellement certains d’être supérieurs puisque c’est ce que le système leur renvoie tout le temps. Donc ils “peuvent”. Donc ils « le » font.

La meute a changé de camp mais elle reste la meute. C’est à dire en général bête à bouffer du foin. A tout confondre. Les actes, les paroles, le premier degré, le second degré, l’artistique et la réalité. Ce n’est pas une défense de l’infâme mais je me méfierai toujours des poules qui ne tapent que sur celle qui est déjà à terre.
A côté de ça, à part mettre à terre celui qui a été désigné, que fait-elle la meute ? Ben rien.
Les profs sont toujours là ou ont pu terminer paisiblement leur carrière d’imposteurs toxiques. Le système fonctionne toujours sur la domination des désignés “méritants” , sur la portée aux nues de celleux qui représentent le courant “à la mode” laissant dans l’ombre celleux qui n’ont pas la chance d’en faire partie – que leur cause soit juste ou pas, qu’importe !
La meute est schizophrène. Elle veut abattre ceux qui sont au pouvoir tout en y mettant inlassablement d’autres. Sans changer ce rapport au pouvoir.
C’est pourquoi je ne crierai jamais avec elle.
Parce qu’elle représente autant le totalitarisme que les tyrans. Parce qu’elle feint de s’étonner pour se donner du pouvoir.

En 46 ans de carrière dans ce monde, je n’ai croisé quasi que des abuseurs. Oh – à des degrés divers bien sûr ! – oh – parfois des abuseurs inconscients bien sûr ! – mais des abuseurs quand même.

Lettre aux hommes que je ne désirais pas – extrait.

Lettre aux hommes que je ne désirais pas – en cours d’écriture – 18 décembre 2023

Auteur : celinelory

Pianiste le jour, auteure de chansons et de textes la nuit, toujours indéfinie mais heureuse

Laisser un commentaire