Il ne faut appeler un chat un chat. Il faut appeler un chat une porte. Une porte un amour. Un amour un pantalon un pantalon un frigo un frigo une fleur. Ah non pas la fleur. On ne touche pas à la fleur. On touche à tout mais pas à la fleur. On dit appeler un chat un chat mais que dit-on de la fleur ? Il ne faut pas dire les choses telles qu’elles sont. C’est délicat les choses. On vit dans un monde en cristal et on ne se rend compte de rien – on vit dans la dentelle où tout peut rencontrer un fil à retordre, à dénouer, un fil conducteur et un fil d’argent et on ne dit rien, car il ne faut pas appeler un chat un chat au risque que les sorts se défassent, que le chat se transforme en citrouille et le rat te morde, il faut glisser un chat est un chat mais nul ne le sait, nul ne le voit, et à quoi bon, il ne faut pas appeler un chat un chat, il ne faut pas l’appeler, il ne faut pas l’appeler, il ne faut pas appeler un chat un chat, mais tes yeux, ton regard, ta voix, tes gestes, tes pas, tes jours, tout doit lui rappeler qu’il est chat, dans ce monde de saletés, de crasses, de gris, d’injustice, de laideur, il y a un méta monde où rien ne s’appelle et où tout se voit.
Ajout : on ne fonctionne avec les vivants qu’en fonctionnant avec les morts.